Qu’est ce que la précarité menstruelles ?
As-tu déjà entendu parler de la précarité menstruelle ? Par définition, la précarité menstruelle, c’est “la difficulté ou le manque d’accès des femmes réglées aux protections hygiéniques, par manque de moyens”. Pour te la faire courte, aujourd’hui, en France, 1,5 millions de Françaises se retrouvent à devoir choisir : s’acheter de la nourriture ou des protections hygiéniques. C’est le quotidien des femmes sans abri, des travailleuses précaires et des étudiantes. Même si le tabou autour des règles et du cycle féminin se lève doucement, on ne parle pas encore assez de la détresse de ces femmes et des dangers auxquelles elles peuvent s’exposer. Alors comment c’est possible et comment agir pour lutter contre cette crise ? Je vous explique tout et vous donne toutes les armes pour pouvoir agir !
Situation actuelle de la précarité menstruelle
Constat
Comment est-ce possible de ne pas pouvoir se protéger ? On va faire un rapide calcul ! Tu as tes premières règles entre tes 10 et 16 ans, et ce, jusqu’à tes 50 ans environ. Alors disons que tu auras tes règles chaque mois, durant 39 années, soit une moyenne de 500 fois ! (Oh my God). En 1 an, tu dépenses environ 120 € dans les protections hygiéniques classiques comme les tampons et serviettes. Et encore 10 €, c’est un petit chiffre si on prend en compte leur prix réel en grande surface. Résultat, au cours de ta vie, tu vas devoir dépenser presque 5000 € dans les protections hygiéniques, et c’est É-NORME !
Les règles ça coûte chère, très chère même ! On comprend peut-être un peu mieux comment 1,5 millions de femmes ne peuvent se fournir des protections hygiéniques en quantités suffisantes. Dans ces 1,5 million, on retrouve les femmes sans abri, mais aussi les travailleuses dites “pauvres”, les femmes détenues en prison et les étudiantes, beaucoup d’étudiantes puisqu’aujourd’hui, on estime que 270 000 étudiantes vivent sous le seuil de pauvreté, soit avec moins de 1063 € par mois.
Mais alors comment font-elles ? Puisque le problème principal est de se fournir en quantité suffisante, et bien elles ne changent pas suffisamment de protections. Ce qui entraîne de gros problèmes d’hygiène et de santé. Une situation qui ne devrait pas exister puisque les règles, aucunes femmes n’a ni demandé, ni eu le choix de les avoir …
Un problème d’hygiène et de santé
En sachant qu’environ 1 femme sur 3 ne changerait pas suffisamment de protections, je te laisse imaginée les nombreux problèmes auxquels elles risquent de se confronter, et principalement pour les femmes sans abri. Alors entre l’inconfort, le manque d’intimité et le manque d’hygiène, c’est principalement un enjeu sanitaire auquel elles doivent faire face.
Le syndrome du choc toxique est le plus gros risque pour elles puisqu’il est la conséquence d’une mauvaise utilisation des dispositifs vaginaux (tampons et coupes menstruelles). C’est une maladie aiguë provoquée par le port d’un tampon ou d’une coupe pendant plus de 4 heures.
Alors c’est le système D pour tout le monde ! Qu’elles soient sans abri ou simplement en manque de moyens financiers, de nombreuses femmes se contentent de papier toilette en guise de serviettes, ou encore du papier journal ou même des bandes de tissus. Une situation précaire et inacceptable sachant que chacune d’entre nous peut y être exposée un jour par malheur.
Pourquoi l’accès aux protections semble si compliqué ? Parce que ça coûte cher ! Et pourquoi ça coûte aussi cher ? Merci la “taxe tampon”.
Qu’est-ce que la “taxe tampon” ?
Et si je te disais qu’il n’y a encore pas très longtemps, les protections hygiéniques n’étaient pas considérées comme des produits de premières nécessités (comme l’eau ou les denrées alimentaires). Les serviettes et tampons sont donc des produits de luxe ? Excusez-nous, on a du mal comprendre. #Shame
Avant 2015, les protections périodiques étaient taxées comme beaucoup d’autres produits avec une TVA fixée à 20 %, la fameuse “taxe tampon”. Donc elles étaient beaucoup plus chères qu’elles ne le sont aujourd’hui ! Et c’est seulement depuis 2015 qu’elles ont été déclarées produits de premières nécessitée, avec comme conséquence une baisse de cette TVA qui est passée de 20 % à 5,5 %, ce qui est une avancée non-négligeable (même s’ils auraient clairement pu mieux faire !).
Et même si cette évolution est positive, on peut encore envier la prise de décision d’autres pays du monde, comme l’Australie, le Canada, le Kenya et la Tanzanie qui ne taxent plus aucune protection hygiénique. Ils renoncent alors à plusieurs centaines de milliers d’euros de recette fiscale.
Une seconde grande avancée dans le domaine de la précarité menstruelle en 2020 avec l’annonce du gouvernement concernant la mise en place de la gratuité des protections hygiéniques pour certaines femmes (étudiantes, sans abri, détenues et femmes précaires).
On trouve également depuis plusieurs mois des distributeurs gratuits de serviettes et de tampons dans plusieurs établissements publics tels que : les hôpitaux, les établissements scolaires et les prisons.
Une grande victoire dans l’éradication de cette injuste précarité !
Comment agir contre la précarité menstruelle ?
Heureusement, de nombreuses femmes et associations se battent contre la précarité menstruelle depuis plusieurs années maintenant, et elles ont fait un travail jusqu’ici remarquable !
Les initiatives citoyennes ont déjà un coup d’avance sur le gouvernement. Des collectes et des campagnes de sensibilisation émergent. Par exemple, le collectif ça va saigner, encourage les femmes à ne plus porter de protection hygiénique pour dénoncer leur prix : « Le 15 juin, on tâche tout ! ». Tu as peut-être déjà eu l’occasion de voir des panneaux lors de certaines manifestations “pas de taxe sur mon utérus” ou encore “taxe tampon : la cup est pleine”. Eh bien oui, la cup est pleine ! Et pour ça, tu peux aider de plusieurs façons :
- Tu peux entrer en contact avec certaines associations locales de ta ville afin de faire des dons de serviettes et de tampons. Par exemple, ici à Marseille, l’association Médecins du Monde, et plus particulièrement la “Mission sans abri” organise plusieurs fois par semaine des maraudes auprès des plus démunis afin de leur apporter du soutien, et dont ils ont besoin, notamment des protections hygiéniques pour les femmes. Tu pourrais te renseigner sur les associations proches de chez-toi !
- Faire des dons à des ONG tels que Period ou encore Règles élémentaires afin de faire des dons financiers, ou bien des dons de serviettes et de tampons, qui seront ensuite redistribués aux femmes les plus précaires.
- Tu peux remplir toi même certains distributeurs de ta ville (ceux du collège/lycée/université).
Toute la Team #BloomieLoomie est consciente de cette précarité, c’est pourquoi nous avons déjà participé à certaines actions en reversant un pourcentage de notre chiffre d’affaires à l’association Period. Alors en achetant quelques culottes chez nous, tu participes à cette lutte qui nous concerne toutes !
La précarité menstruelle est en partie le reflet de cette société dans laquelle on vit, où chaque injustice finit par s’y ancrer et trouver sa place, pour finalement devenir presque invisible. Alors en parler, c’est déjà aider ! Et puisque ce sujet concerne uniquement les femmes, nous ne pouvons compter que sur nous-même pour réussir à faire bouger les choses ! Et si certains pays ont réussi à ne plus taxer les protections, pourquoi pas la France ? En tout cas, moi, j’y crois, et toute la #TeamBloomie aussi !
À bientôt pour de nouveaux articles stylés ! Lou.